Le développement de solutions compatibles Azure nous contraint souvent à utiliser ces mêmes outils également en local : Azure Storage en est un exemple parmi d’autres. Cela oblige les équipes à ouvrir un compte de stockage en ligne et à payer pour ce dernier.
Ce tutoriel va vous accompagner pas à pas dans la découverte d'Azurite, une alternative locale à Azure Storage.
1. Prérequis
En prérequis pour cette découverte d'Azurite, il est nécessaire d’installer les outils suivants :
- Visual Studio Code
- L’extension Thunder Client de Visual Studio Code (recherchez
rangav.vscode-thunder-client
dans l’onglet Extensions) - Azure Storage Explorer
- Azurite
Afin de vérifier que Azurite est correctement installé sur votre machine, vous pouvez ouvrir un terminal et taper la commande suivante :
azurite version
Pour faciliter les développements, il est nécessaire de récupérer le code de l’application de l’article .NET APIs - Endpoints.
La version finale du code associé à cet article est disponible ici : https://github.com/c2s-bouygues/blog.c2s.azurite.
2. Configurer Azurite
La configuration d'Azurite est simple, il suffit de créer un dossier dans lequel seront stockées les données (au format json) et le tour est joué !
À l’aide d’un terminal, tapez la commande suivante :
mkdir azurite
Note : Veillez à créer le dossier
azurite
à un endroit qui vous arrange, par exemple C:/Users/{votreNom}
Vous pouvez à présent lancer le serveur Azurite à l’aide de la commande suivante :
azurite --silent --location azurite --debug azurite/debug.log
--silent
: cette option permet d’éviter d’avoir trop de logs dans le terminal--location
: cette option permet de spécifier le dossier dans lequel se trouve (ou se trouveront) les données de la base locale--debug
: cette option permet de specifier le fichier dans lequel les logs des opérations réalisées sur la base seront enregistrés
Note : La commande ci-dessus permet de lancer à la fois les services : table, queue et blob. Il est possible de les lancer unitairement en remplacant
Azurite
par :azurite-table
,azurite-queue
ouazurite-blob
Le serveur est à présent en route, essayons de nous y connecter avec Azure Storage Explorer.
Dans l’explorateur dépliez :
- Local et attaché
- Comptes de stockage
- Émulateur - Ports par défaut (Key)
Vous devez alors voir apparaitre les trois services table
, queue
et blob
Si vous dépliez l’un de ses trois services (dans l’objectif de voir son contenu), vous verrez apparaître les logs des requêtes vers Azurite sur votre terminal.
La mise en route d'Azurite est terminée, nous allons maintenant pouvoir y connecter notre application.
2. Créer des données
Commençons par créer notre modèle de données.
Notre application ayant pour but de créer, modifier et lister des utilisateurs, nous pourrons utiliser une table.
Créez un dossier ~/Entities
à la racine du projet.
Créez une classe nommée User
dans ce répertoire et ajoutez y les propriétés comme suit :
using System;
namespace blog.c2s.azurite.Entities
{
public class User
{
public Guid Id { get; set; } // Identifiant technique
public string FirstName { get; set; }
public string LastName { get; set; }
public string Email { get; set; }
}
}
La classe User
à présent créée, nous allons pouvoir créer l’entité qui sera injectée dans notre table que nous nommerons plus tard users
.
Créez une classe nommée StoredUser
et ajoutez y les propriétés comme suit :
using Microsoft.Azure.Cosmos.Table;
using Newtonsoft.Json;
using System;
namespace blog.c2s.azurite.Entities
{
public class StoredUser : TableEntity
{
public const int LifeTimeDuration = 15;
public string Response { get; set; }
public DateTimeOffset ExpirationDate { get; set; }
public StoredUser() { }
public StoredUser(User userBase)
{
Response = JsonConvert.SerializeObject(userBase);
PartitionKey = nameof(StoredMessage);
RowKey = userBase.Id.ToString();
ExpirationDate = DateTimeOffset.Now.AddMinutes(LifeTimeDuration);
}
public User User
{
get
{
var deserializedResponse = JsonConvert.DeserializeObject<User>(Response);
return deserializedResponse;
}
}
}
}
Cette classe permet d’encapsuler notre objet User
sous la propriété Response
et en ajoutant :
- Une clé de partition (
PartitionKey
) - Une clé primaire au sein de la clé de partition (
RowKey
) - Une date d’expiration (
LifeTimeDuration
)
La propriété User
sert simplement à faciliter l’utilisation des données (sérialisées et stockées sous la propriété Response
).
❗ Attention à la taille maximale des données d’une entité et également au contenu de l’objet à séraliser.
Note : Vous aurez besoin d’installer le package NuGet
Microsoft.Azure.Cosmos.Table
pour avoir accès à la classe TableEntity. À noter que Visual Studio propose d’utiliserWindowsAzure.Storage
mais ce package est annoté comme déprécié, ignorez donc ce message si vous le voyez.
Notre structure de données est prête, nous pouvons à présent voir comment y accéder.
3. Accéder aux données
L’utilisation d'Azurite est la même que celle d'Azure Storage : ces deux outils partagent la même API.
La différence se fera dans la déclaration de la chaîne de connexion (connectionString).
Nous allons donc créer un service chargé de réaliser les appels à la base de données.
À la racine du projet, créez un dossier ~/Services
.
Créez une classe nommée AzureTableService
comme suit :
using blog.c2s.azurite.Entities;
using blog.c2s.azurite.Services.Interfaces;
using Microsoft.Azure.Cosmos.Table;
using Microsoft.Extensions.Logging;
using System;
using System.Collections.Generic;
using System.Linq;
using System.Threading;
using System.Threading.Tasks;
namespace blog.c2s.azurite.Services
{
public class AzureTableService : IAzureTableService
{
private readonly ILogger<AzureTableService> _logger;
private readonly CloudTable _table;
#region Ctor.Dtor
public AzureTableService(
ILogger<AzureTableService> logger)
{
_logger = logger;
// Récupération de la chaîne de connexion
var storageAccount = CloudStorageAccount.DevelopmentStorageAccount;
// Création du client pour intéragir avec le service Table
var tableClient = storageAccount.CreateCloudTableClient(new TableClientConfiguration());
// Création de la table
var tableName = Constants.CloudTables.User;
_table = tableClient.GetTableReference(tableName);
}
#endregion Ctor.Dtor
private async Task InitializeCloudTableAsync()
{
if (await _table.CreateIfNotExistsAsync())
{
_logger.LogInformation("Created Table named: {0}", Constants.CloudTables.User);
}
else
{
_logger.LogInformation("Table {0} already exists", Constants.CloudTables.User);
}
}
async Task IAzureTableService.InsertStoredUserAsync(User user, CancellationToken cancellationToken)
{
await InitializeCloudTableAsync();
var storedUser = new StoredUser(user);
var insertOperation = TableOperation.Insert(storedUser);
var result = await _table.ExecuteAsync(insertOperation, cancellationToken);
if (result.RequestCharge.HasValue)
_logger.LogInformation($"RequestCharge de l'opération d'écriture: '{result.RequestCharge.Value}'");
}
async Task<IEnumerable<StoredUser>> IAzureTableService.GetAllStoredUsersAsync()
{
await InitializeCloudTableAsync();
var tableResult = _table.ExecuteQuery(new TableQuery<StoredUser>()).ToList();
return tableResult;
}
async Task<StoredUser> IAzureTableService.GetStoredUserByIdAsync(Guid id, CancellationToken cancellationToken)
{
await InitializeCloudTableAsync();
var retrieveOperation = TableOperation.Retrieve<StoredUser>(nameof(StoredUser), id.ToString());
var tableResult = await _table.ExecuteAsync(retrieveOperation, cancellationToken);
var result = tableResult.Result as StoredUser;
return result;
}
}
}
Prêtez attention à la ligne suivante :
var storageAccount = CloudStorageAccount.DevelopmentStorageAccount;
Cette ligne permet en effet de récupérer par défaut la chaîne de connexion par défaut du compte de stockage local.
Dans le contexte d’une application en production, on stockerait la chaîne de connexion dans la configuration de l’application (par exemple), et la valeur affectée à la variable storageAccount
serait conditionnée par l’environnement dans lequel s’exécuterait l’application :
Azurite
en localAzure Storage
en production
Pour que cette classe AzureTableService
fonctionne il nous faudra également opérer plusieurs actions supplémentaires :
- créez l’interface
IAzureTableService
dans un sous-dossier~/Services/Interfaces
comme suit :
using blog.c2s.azurite.Entities;
using System;
using System.Collections.Generic;
using System.Threading.Tasks;
namespace blog.c2s.azurite.Services.Interfaces
{
public interface IAzureTableService
{
Task<IEnumerable<StoredUser>> GetAllStoredUsers();
Task<StoredUser> GetStoredUserById(Guid id);
Task InsertStoredUser(User user);
}
}
- créez la classe
Constants
à la racine du projet comme suit :
namespace blog.c2s.azurite
{
public static class Constants
{
public static class CloudTables
{
public const string User = "users";
}
}
}
- modifiez la classe
Startup
comme suit :
// ...
using blog.c2s.azurite.Extensions;
using System.Reflection;
// ...
public void ConfigureServices(IServiceCollection services)
{
services.AddScoped<IAzureTableService, AzureTableService>();
}
Note: cette dernière modification permet d’ajouter notre service dans l’injecteur de dépendance natif d’ASPNet Core.
Notre service d’accès aux données étant à présent implémenté, il ne nous reste plus qu’à connecter les endpoints
de notre API à ce service.
Modifiez les classes suivantes dans le dossier ~/RequestDelegates/API
comme suit :
GetUsersDelegate
// ...
using blog.c2s.azurite.Extensions;
using blog.c2s.azurite.Services.Interfaces;
using System.Linq;
// ...
public static RequestDelegate Delegate => async context =>
{
var serviceProvider = context.RequestServices;
var logger = serviceProvider.GetService<ILogger<GetUsersDelegate>>();
var azureTableService = serviceProvider.GetService<IAzureTableService>();
try
{
var users = await azureTableService.GetAllStoredUsers();
if(users == null)
{
context.NotFound();
return;
}else if (!users.Any())
{
context.NoContent();
return;
}
else
{
await context.OK(users.Select(x => x.User));
}
}
catch (Exception ex)
{
logger.LogError(ex.Message);
logger.LogTrace(ex.StackTrace);
context.Response.StatusCode = (int)HttpStatusCode.InternalServerError;
await context.Response.WriteAsync(ex.Message);
}
};
GetUserByIdDelegate
// ...
using blog.c2s.azurite.Extensions;
using blog.c2s.azurite.Services.Interfaces;
// ...
public static RequestDelegate Delegate => async context =>
{
var serviceProvider = context.RequestServices;
var logger = serviceProvider.GetService<ILogger<GetUserByIdDelegate>>();
var azureTableService = serviceProvider.GetService<IAzureTableService>();
try
{
// On récupère l'Id depuis la route
var userId = context.FromRoute<Guid>("id");
var user = await azureTableService.GetStoredUserById(userId, context.RequestAborted);
if (user == null)
{
context.NotFound();
return;
}
else
{
await context.OK(user.User);
}
}
catch (Exception ex)
{
logger.LogError(ex.Message);
logger.LogTrace(ex.StackTrace);
context.Response.StatusCode = (int)HttpStatusCode.InternalServerError;
await context.Response.WriteAsync(ex.Message);
}
};
PostUserDelegate
// ...
using blog.c2s.azurite.Entities;
using blog.c2s.azurite.Extensions;
using blog.c2s.azurite.Services.Interfaces;
// ...
public static RequestDelegate Delegate => async context =>
{
var serviceProvider = context.RequestServices;
var logger = serviceProvider.GetService<ILogger<PostUserDelegate>>();
var azureTableService = serviceProvider.GetService<IAzureTableService>();
try
{
var newUser = await context.FromBody<User>();
newUser.Id = Guid.NewGuid();
await azureTableService.InsertStoredUser(newUser, context.RequestAborted);
context.NoContent();
}
catch (Exception ex)
{
logger.LogError(ex.Message);
logger.LogTrace(ex.StackTrace);
context.Response.StatusCode = (int)HttpStatusCode.InternalServerError;
await context.Response.WriteAsync(ex.Message);
}
};
Vous avez du remarquer qu’il manque certaines méthodes : HttpContext.FromRoute<T>()
, HttpContext.FromBody<T>()
, HttpContent.NoContent()
, etc.
Ces méthodes sont incluses dans une classe d’extensions de la classe HttpContext
que vous pouvez retrouver ici.
Elle fournie différents helpers afin de rendre moins verbeux les Delegate
de notre API.
Notre application est à présent fonctionnelle, il n’y a plus qu’à la tester ! Voici à présent l’arborescence du projet :
Root
│ Constants.cs
│ Program.cs
│ Startup.cs
│
└───Entities
│ StoredUser.cs
│ User.cs
│
└───Extensions
│ HttpExtensions.cs
│
└───RequestDelegates
│ └───API
│ │ GetUserByIdDelegate.cs
│ │ GetUsersDelegate.cs
│ │ PostUserDelegate.cs
│ ... // Si vous avez entrepris d'ajouter d'autres `Delegate`
└───Routes
│ APIRoutes.cs
│
└───Services
└───Interfaces
│ IAzureTableService.cs
│ IAzureTableService.cs
4. Tester l’API avec Thunder Client
Dans cette partie nous allons voir comment tester manuellement notre API.
Commencez d’abord par lancer Azurite.
azurite --silent --location azurite --debug azurite\debug.log
À présent lancez votre API avec Visual Studio (F5 ou via le bouton dans la barre d’action).
Notre API est à présent en route, dirigeons nous vers l’extension Thunder Client.
Dans Visual Studio Code vous devez avoir vu apparaître ce logo :
Cliquez dessus puis cliquez sur New Request
.
Renseignez à présent les différents champs afin de récupérer la liste de tous les utilisateurs (ie GetUsersDelegate
). Vous devriez avoir quelque chose similaire à ceci :
Exécutez votre requête, vous devriez avoir ce résultat :
Pas de données ??? Et oui ! Notre base de données est encore vide, il nous faut en ajouter 😁.
De la même manière que vous avez créé une requête pour récupérer les utilisateurs, faîtes de même pour créer un utilisateur (PostUserDelegate
).
Note: Regardez bien la façon dont sont récupérées les données dans l’API afin de déduire les champs de la requête à remplir.
Pour vérifier que la création a bien eu lieu, vous n’aurez qu’à relancer la récupération de tous les utilisateurs. Vous pouvez également créer une requête pour chaque endpoint que vous aurez implémenté afin de vous exercer 😁.
Pour les plus impatients, vous trouverez dans le dossier ~/.thunderclient
du github un fichier à importer dans Thunder Client contenant les requêtes pré-remplies.
5. Conclusion
Nous avons vu comment utiliser Azurite en local au lieu d’utiliser un compte de stockage en ligne (Azure Storage).
Cela évite de payer un service pour des développements en local. De plus, chaque membre de l’équipe a sa propre base de données ce qui facilite souvent les tests de chacun.
Nous avons également pris en main l’outil Thunder Client afin de tester manuellement notre API. Il ne s’agit pas du seul outil permettant de le faire, Postman ou encore SOAP UI en sont d’autres exemples.
Nous ne nous sommes pas intéressés à l’utilisation d'Azurite lors de tests automatisés car il n’y a rien de spécifique à faire pour que cela fonctionne. Il suffit de s’assurer que le service est lancé, d’une manière ou d’une autre.
Pour finir voici une liste de liens externes :